Le cycle menstruel et l’hydratation sont étroitement liés ! Aujourd’hui, on va décrypter pour vous la manière dont ils s’impactent mutuellement.
Pour commencer, on vous explique les mots clés pour tout comprendre de cet article sur le cycle menstruel et l’hydratation :
- Les électrolytes : Les électrolytes sont des minéraux (sodium Na+, potassium K+, chlore Cl–, et bicarbonate HCO3−) qui permettent de maintenir le taux d’hydratation et le bon fonctionnement du métabolisme du corps humain.
- L’arginine vasopressine (AVP): L’AVP est une hormone antidiurétique, c’est-à-dire qu’elle réduit l’envie d’uriner. Lorsque le corps est en manque d’eau, elle lui permet de la conserver en demandant aux différents organes de garder l’eau à l’intérieur du corps, au lieu de l’évacuer par les urines. Dans le cas d’une déshydratation, ce phénomène peut être bénéfique, car il permet de garder le peu d’eau que l’on a4-5 !
- Osmolalité plasmatique : C’est une unité de mesure. Elle indique la quantité d’électrolytes par litre de plasma (partie liquide du sang dans laquelle nagent les cellules sanguines).
- La sensation de soif: C’est cette sensation qui nous donne envie de boire de l’eau et répondre au manque d’eau du corps ! La soif est un signe tardif de déshydration, si on la ressent c’est que le corps est déjà en manque d’eau.
- La déshydratation : C’est le manque d’eau dans le corps. Pour conserver au maximum l’eau, le corps met en place tout un mécanisme : augmentation de l’osmolalité plasmatique, libération d’AVP et sensation de soif. Cela limite les pertes en eau du corps le temps de la réhydratation4-5.
Les besoins en eau de l’Homme :
L’eau est un élément essentiel de l’organisme, en effet le corps d’un adulte est composé à plus de 60% d’eau !
Elle est indispensable au fonctionnement de notre organisme : du maintien de la température à l’élimination des toxines.
Notre corps n’a pas la capacité de stocker l’eau, il l’élimine en permanence essentiellement par l’urine, la respiration et surtout la transpiration. Pour maintenir l’organisme en bonne santé, les pertes en eau doivent toujours être compensées par des apports1. Pour les adultes, les apports adéquates en eau sont de 2,0 L/jour pour les femmes et 2,5 L/jour pour les hommes. Ces valeurs de référence pour la prise d’eau totale comprennent l’eau de boisson et l’humidité des aliments et ne s’appliquent qu’à une température ambiante et un niveau d’activité physique modéré. Les recherches scientifiques actuelles démontrent que la consommation quotidienne d’au moins 8 verres d’eau peut conduire à l’élimination des toxines2. Ces besoins en eau augmentent lorsque la température extérieure augmente, lorsque la température intérieure est surchauffée (chauffage central), en cas de diarrhées ou vomissements, ou encore lors d’une fièvre, mais aussi au cours du cycle menstruel3.
Le cycle menstruel :
Le cycle menstruel dure en moyenne 28 jours, et résulte des différents pics hormonaux entrainant des changements dans les réponses du corps au stress, à l’exercice, sommeil, humeur, ou même aux fluides.
Les phases du cycle menstruel :
- Les règles (environ 5 à 7 jours) sont l’élimination périodique de la muqueuse utérine conduisant à des pertes de sang.
- La phase folliculaire est définie comme la période allant de la fin des règles à l’ovulation. Sur la fin de cette phase, on peut observer des pics d’hormones sexuelles (œstrogènes, hormone lutéinisante (LH) et hormone de stimulation folliculaire (FSH)).
- L’ovulation se produit généralement vers le jour 14 et marque le milieu du cycle.
- La phase lutéale s’étend de la fin de l’ovulation jusqu’au début des règles (environ jours 14 à 28) et se caractérise par des concentrations élevées en œstradiol et progestérone5.
Quels sont les impacts des hormones sexuelles et du cycle menstruel sur l’hydratation ?
Dans le cas des femmes menstruées, le besoin journalier en eau ne doit pas être négligé ! En effet, il existe une relation très étroite entre le cycle menstruel et l’hydratation, avec encore une fois en cause : les hormones sexuelles ! L’œstradiol et la progestérone participent à la régulation des fluides corporels, et impactent donc la température du corps, la régulation du volume d’eau dans le corps (via l’AVP) et même la sensation de soif 5.
Des études scientifiques démontrent que lors de la phase lutéale (J14 à J28 – phase après l’ovulation), la libération d’hormones, et notamment d’œstradiol, peut provoquer et intensifier la déshydratation. Au cours de la phase lutéale, les femmes ont donc un risque plus important d’être déshydratées4-5.
D’autres études scientifiques précisent qu’au cours de la phase lutéale, il pourrait également y avoir une rétention rénale importante d’eau, par le biais d’une autre hormone sexuelle : la progestérone, afin de conserver au maximum l’eau corporelle jusqu’à la réhydratation5.
De plus, la teneur en eau du corps (habituellement 60%) est plus importante au cours de la phase lutéale que lors de la phase folliculaire. Cela indique que les femmes pourraient être mieux protégées contre la déshydratation pendant la phase lutéale que lors de la phase folliculaire. Il existe donc des différences dans la régulation des fluides corporels entre les différentes phases menstruelles, impactant alors l’état d’hydratation des femmes4-5.
Les personnes menstruées doivent donc pendant leur cycle être attentives à leur consommation d’eau : le cycle menstruel peut causer ou intensifier une déshydratation !
Quel est l’impact d’une déshydratation sur le cycle menstruel ?
Une faible hydratation est un phénomène courant chez les femmes, qui peut entrainer une exagération de la sensibilité à la douleur, notamment au moment des règles. En effet, en plus d’impacter les niveaux d’hydratation, les fluctuations des hormones ovariennes (œstradiol et progestérone) tout au long du cycle menstruel provoquent souvent des douleurs menstruelles chez les femmes.
Une équipe scientifique a étudié les effets d’un léger manque d’eau (24 heures sans s’hydrater) sur la sensibilité à la douleur chez des femmes ayant un cycle régulier au cours des phases folliculaires et lutéales de leur cycle menstruel. L’étude a également examiné si l’ingestion d’eau en forte quantité en une prise, pouvait inverser les différents effets négatifs d’une faible hydratation chez la femme : sensation de soif, douleurs menstruelles, etc. Par rapport à une hydratation normal, une restriction en eau pendant 24 heures augmente la douleur et la perception de la douleur, quelle que soit la phase menstruelle (folliculaire ou lutéale). De plus, bien que les résultats mettent en évidence qu’une ingestion aiguë d’eau réduit significativement la perception de soif, celle-ci ne permet pas de réduire la sensibilité à la douleur6. Cela implique donc de boire en quantité suffisante, régulièrement, pour éviter tout phénomène de déshydratation. De plus, le manque d’eau peut réduire l’efficacité des traitements contre la douleur5-6.
Pour résumer le rapport entre le cycle menstruel et l’hydratation :
Au cours des phases folliculaires et lutéales du cycle menstruel, les femmes menstruées présentent un risque physiologique de déshydratation plus important, notamment via les fluctuations d’hormones sexuelles (œstradiol et progestérone). Les recherches scientifiques montrent qu’une faible hydratation augmente la sensibilité à la douleur chez les femmes quelle que soit la phase menstruelle, et que cette sensibilité augmente après seulement 24 heures sans boire6.
Il a été démontré que la consommation d’eau régulière et en quantité suffisante (2 L par jour) atténue l’intensité des douleurs menstruelles, raccourcit la durée des saignements menstruels et réduit la prise de traitements médicamenteux pour la douleur pendant les règles7. Comme indiqué précédemment, l’ingestion d’eau, en forte quantité et en une prise, ne permet pas d’atténuer les effets négatifs d’une faible hydratation sur les douleurs menstruelles, même à court terme6 !
Il est donc important de rester bien hydratée tout au long de la journée, de son cycle menstruel, et encore davantage au moment des règles !
Références :
- Améli – Assurance Maladie Française. Site internet : https://www.ameli.fr/
- Sawka MN, Cheuvront SN, Carter R 3rd. Human water needs. Nutr Rev. 2005 Jun;63(6 Pt 2):S30-9.
- EFSA Panel on Dietetic Products, Nutrition, and Allergies (NDA); Scientific Opinion on Dietary reference values for water. EFSA Journal, 2010.
- Tan B, Philipp M, Hill S, Che Muhamed AM, Mündel T. Pain Across the Menstrual Cycle: Considerations of Hydration. Front Physiol. 2020 Oct 8;11:585667.
- Giersch GEW, Charkoudian N, Stearns RL, Casa DJ. Fluid Balance and Hydration Considerations for Women: Review and Future Directions. Sports Med. 2020 Feb;50(2):253-261.
- Tan B, Philipp MC, Che Muhamed AM, Mündel T. Hypohydration but not menstrual phase influences pain perception in healthy women. J Appl Physiol (1985). 2022 Mar 1;132(3):611-621.
- Torkan B, Mousavi M, Dehghani S, Hajipour L, Sadeghi N, Ziaei Rad M, Montazeri A. The role of water intake in the severity of pain and menstrual distress among females suffering from primary dysmenorrhea: a semi-experimental study. BMC Womens Health. 2021 Jan 28;21(1):40.
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