Nous entendons souvent parler de la flore vaginale ou encore du microbiote vaginal. Mais que sont-ils vraiment ? Quel est leur fonction et comment en prendre soin ? On vous répond dans cet article très complet.
Qu’est-ce qui se trouve dans mon vagin ?
Notre vagin est composé d’une paroi recouverte d’une muqueuse lubrifiée par le liquide cervico-vaginal. Ensemble, ils forment une barrière redoutable contre les organismes envahisseurs étrangers responsables d’infections, sécheresses et/ou irritations intimes (Amabebe & Anumba, 2018).
Avant de détailler ce qui se trouve dans notre vagin, nous allons d’abord définir les termes importants :
Qu’est ce que le microbiome ?
Il correspond à l’ensemble des micro-organismes présents dans le vagin ainsi que tout l’environnement qui les contient.
Qu’est ce que le microbiote ?
Le microbiote correspond à l’ensemble des micro-organismes peuplant le microbiome.
Quels micro-organismes composent le microbiote vaginal ?
Un microbiote dit “sain” est généralement dominé par les Lactobacilles : de “bonnes” bactéries produisant de l’acide lactique.
Ainsi, les principales souches sont :
- Lactobacillus crispatus,
- Lactobacillus gasseri,
- Lactobacillus iners,
- Lactobacillus jensenii (Tachedjian et al., 2017).
Outre ces Lactobacilles, le microbiote est aussi composé d’un mélange polymicrobien bénéfique pour notre santé (Smith & Ravel, 2017).
Le microbiote vaginal n’est pas le seul attribut important à considérer dans la définition fonctionnelle du vagin. La santé du vagin dépend aussi de sa structure et ses changements au cours du temps, de l’influence de l’ethnicité et la disposition génétique de la femme (Buchta, 2018).
Quelles sont les caractéristiques d’un microbiote vaginal “sain” ?
Les principales caractéristiques des femmes ayant des microbiotes et microbiomes vaginaux associés à un état sain, sont :
- un pH vaginal de 4,5
- un profil de métabolites bénéfiques : présence d’acide lactique et acide alpha-hydroxy (Tachedjian et al., 2017).
Quel est le rôle de la flore vaginale ?
Certains de ces microorganismes, comme les Lactobacilles, renforcent la défense contre l’invasion et la colonisation par des bactéries délétères.
Cet environnement acide serait hautement protecteur contre les infections ou la colonisation du vagin par ces agents pathogènes et microbes.
Le microbiote vaginal offre une défense de première ligne efficace contre les agents pathogènes envahissants, y compris la vaginose bactérienne, les bactéries associées à la vaginite, les virus et les champignons.
Comment fonctionnent les Lactobacilles pour protéger le vagin?
Les Lactobacilles ont pour rôle de rendre le vagin acide. Ces micro-organismes sont capables d’utiliser le glycogène pour produire de l’acide lactique.
Les lactobacilles, les bactéries fermentatives ainsi que les cellules épithéliales vaginales (composant la paroi du vagin), produisent de l’acide lactique par fermentation du glucose et sont responsables de l’acidification du milieu vaginal.
Le Vagin : une structure particulière digne d’un château fort
- Le microbiome vaginal permet de protéger le vagin en produisant de l’acide lactique rendant le milieu acide pour lutter contre les mauvaises bactéries.
- La muqueuse vaginale joue un rôle important en tant que barrière physique pour séparer la paroi du vagin des microbes (Smith & Ravel, 2017).
- L’appareil reproducteur féminin est considéré comme une formidable barrière chimique et physique contre les organismes envahisseurs, en partie en raison de la structure de ses parois et de la présence du liquide cervico-vaginal.
- Le liquide cervico-vaginal agit comme un lubrifiant efficace, facilite le piégeage des mauvais organismes et agit comme un milieu acidifié dans lequel se trouve un arsenal de molécules antimicrobiennes (anticorps, défensines, etc.) (Aldunate et al., 2015).
Les changements du microbiote au cours de la vie du vagin
La composition du microbiote vaginal change tout au long de la vie reproductive de la femme, c’est-à-dire, de la naissance à la puberté, en passant par la grossesse et la ménopause (Smith & Ravel, 2017).
La composition du microbiote/microbiome vaginal subit des changements correspondant à des fluctuations hormonales (Amabebe & Anumba, 2018).
Origine du microbiote
Le microbiote du nourrisson est peuplé de bactéries maternelles à la naissance, provenant du vagin en cas d’accouchement naturel ou de la peau lors des accouchements par césarienne.
À la naissance, les communautés bactériennes sur la peau, la cavité buccale, le nasopharynx et l’intestin du nourrisson sont largement indifférenciées, ce qui suggère que la composition du microbiote vaginal d’un nourrisson de sexe féminin serait peuplée de communautés similaires à celles de sa mère (Moosa et al., 2020).
Le microbiote durant l’enfance
Le microbiote vaginal de la petite enfance comprend une variété de micro-organismes, tels que des diphtéroïdes, des staphylocoques et E. coli. La présence de glycogène est significativement moindre qu’à l’âge adulte (Amabebe & Anumba, 2018 ; Muhleisen & Herbst-Kralovetz, 2016).
Le microbiote chez la femme en âge de procréer
Le microbiote vaginal, chez les femmes en âge de procréer, est généralement dominé par les Lactobacilles : Lactobacillus crispatus, Lactobacillus gasseri, Lactobacillus iners et Lactobacillus jensenii, dont la plupart produisent de grandes quantités d’acide lactique (Tachedjian et al., 2017).
Le pH vaginal acide normal chez les femmes en âge de procréer est déterminé par les œstrogènes, le glycogène et les Lactobacilles (Amabebe & Anumba, 2018).
Le microbiote à la puberté ou durant la grossesse
À la puberté, comme lors de la grossesse, l’augmentation des taux d’œstrogènes favorise la maturation, la prolifération des cellules de la paroi vaginale et l’accumulation de glycogène.
Le glycogène est ensuite métabolisé en acide lactique par les Lactobacilles. Cela crée un environnement acide (pH, 3,5–4,5) propice à la croissance des Lactobacilles aux dépens d’autres bactéries.
Le microbiote chez les femmes ménopausées
Le microbiote vaginal est particulièrement important pour les femmes ménopausées et peut avoir un effet profond sur l’atrophie vulvo-vaginale, la sécheresse vaginale, la santé sexuelle et la qualité de vie globale (Muhleisen & Herbst-Kralovetz, 2016).
Les femmes ménopausées subissent souvent une perte de Lactobacilles associée à la diminution des œstrogènes (contrôlant la prolifération des cellules composants la paroi vaginale), la maturation et l’accumulation de glycogène (Muhleisen & Herbst-Kralovetz, 2016).
La prise d’un traitement hormonal substitutif a un effet direct sur la domination des Lactobacilles dans le microbiote et peut résoudre les symptômes vaginaux (Muhleisen & Herbst-Kralovetz, 2016).
Le microbiote durant les règles
La diversité microbienne vaginale augmente et le nombre de Lactobacilles diminue pendant les règles (Moosa et al., 2020). Le risque d’infection devient accru pendant cette période. D’où l’importance d’utiliser un gel douche intime adapté et des protections hygiéniques sans composés toxiques qui pourraient irriter, abîmer ou assécher la vulve.
Dérèglement de la flore vaginale et apparitions de pathologies
pH idéal pour protéger le vagin
Il a été démontré que le microbiote vaginal étant composé de Lactobacilles, conduit à un pH bas de 3,5 à 4,5, ce qui protège les femmes contre la dysbiose vaginale, des infections sexuellement transmissibles (IST) et des issues défavorables de la grossesse (Vaneechoutte, 2017).
Dérèglement et infections vaginales
Parfois, les concentrations de Lactobacilles au sein du microbiote vaginal sont modifiées. Ce qui produit un déséquilibre avec une faible quantité de Lactobacilles et une augmentation des microorganismes pathogènes.
Cet état modifié peut prendre la forme de dysbiose, caractérisé généralement par l’apparition de vaginose bactérienne.
Caractéristiques du changement du microbiome vaginal
Cette condition est décrite pour 3 changements principaux dans l’environnement du vagin :
- un changement dans la composition du microbiote vaginal dont les Lactobacilles,
- la production de composés délétères par le nouveau microbiote bactérien;
- une augmentation du pH vaginal à plus de 4,5.
Ce sont les conditions qui favorisent le développement de microorganismes opportunistes qui se comportent comme des agents pathogènes, qu’ils se situent dans le vagin ou apportés par l’environnement extérieur.
Par conséquent, la flore vaginale en déséquilibre est plus sensible aux maladies, y compris la survenue des IST et de désagréments obstétriques et reproducteurs (Barrientos-Durán et al., 2020 ; Laue et al., 2018 ; Tachedjian et al., 2017).
4 habitudes qui déséquilibrent notre flore vaginale
Il existe certains types de comportements qui peuvent influencer les niveaux d’acidité vaginaux, ce qui peut prédisposer à la prolifération excessive de mauvaises bactéries.
Attention à l’utilisation de produits intimes
L’utilisation de :
- produits d’hygiène féminine non adapté,
- tampons et serviettes hygiéniques de mauvaise qualité,
peuvent altérer la barrière immunitaire vaginale ayant un impact sur sa santé.
En effet, un tampon a pour effet d’absorber le flux et le mucus vaginal, contrairement à la coupe menstruelle qui recueille le sang qui s’écoule naturellement sans interférer avec la flore vaginale.
Qu’en est il des douches vaginales ?
D’autres, comme les douches vaginales, ont longtemps été associées à l’acquisition de bactériose vaginale. Ainsi, des études suggèrent que les femmes qui sont coutumières de ces pratiques ont un risque accru d’incident de bactériose vaginale.(Barrientos-Durán et al., 2020).
Menstruations et sexualité : modification du pH vaginal
Il a également été rapporté que l’alcalinité des menstruations ou du sperme neutralisent temporairement le pH vaginal et pourrait avoir un impact sur le microbiote vaginal. (Barrientos-Durán et al., 2020).
Attention au mode de vie et à nos consommations
Aussi, l’utilisation inappropriée ou prolongée d’antibiotiques qui peuvent pénétrer l’exsudat vaginal, entraînant une altération de l’écosystème du vagin.
L’impact du tabagisme et les habitudes alimentaires ont également une incidence sur l’équilibre du microbiote (Barrientos-Durán et al., 2020).
Vous-vous demandez comment prendre soin de votre flore vaginale ?
On vous dit tout dans l’article suivant : “4 astuces pour équilibrer sa flore vaginale“
Bibliographie :
Aldunate M, Srbinovski D, Hearps AC, Latham CF, Ramsland PA, Gugasyan R, Cone RA, Tachedjian G. Antimicrobial and immune modulatory effects of lactic acid and short chain fatty acids produced by vaginal microbiota associated with eubiosis and bacterial vaginosis. Front Physiol. 2015 Jun 2;6:164. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26082720/
Amabebe E, Anumba DOC. The Vaginal Microenvironment: The Physiologic Role of Lactobacilli. Front Med (Lausanne). 2018 Jun 13;5:181. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29951482/
Barrientos-Durán A, Fuentes-López A, de Salazar A, Plaza-Díaz J, García F. Reviewing the Composition of Vaginal Microbiota: Inclusion of Nutrition and Probiotic Factors in the Maintenance of Eubiosis. Nutrients. 2020 Feb 6;12(2):419. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32041107/
Buchta V. Vaginal microbiome. Ceska Gynekol. 2018 Winter;83(5):371-379. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30848142/
Laue C, Papazova E, Liesegang A, Pannenbeckers A, Arendarski P, Linnerth B, Domig KJ, Kneifel W, Petricevic L, Schrezenmeir J. Effect of a yoghurt drink containing Lactobacillus strains on bacterial vaginosis in women – a double-blind, randomised, controlled clinical pilot trial. Benef Microbes. 2018 Jan 29;9(1):35-50. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29065710/
Moosa Y, Kwon D, de Oliveira T, Wong EB. Determinants of Vaginal Microbiota Composition. Front Cell Infect Microbiol. 2020 Sep 2;10:467. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32984081/
Muhleisen AL, Herbst-Kralovetz MM. Menopause and the vaginal microbiome. Maturitas. 2016 Sep;91:42-50. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27451320/
Smith SB, Ravel J. The vaginal microbiota, host defence and reproductive physiology. J Physiol. 2017 Jan 15;595(2):451-463. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27373840/
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Vaneechoutte M. The human vaginal microbial community. Res Microbiol. 2017 Nov-Dec;168(9-10):811-825. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28851670/